JAD EL KHOURY

L’artiste libanais Jad El Khoury vit et travaille à Beyrouth dans le quartier de Baabda

au rez-de-chaussée d’un immeuble résidentiel. Le lieu qui sert d’appartement et d’atelier est le laboratoire de l’artiste. Devenu une figure reconnue dans l’art contemporain libanais, grâce notamment à ses interventions sur les immeubles de la ville bombardés pendant la guerre civile (1975-1990) qui a profondément meurtrie la société. Au Liban, deux clans s’opposent sur la préservation de ces bâtiments qui portent encore les stigmates béantes des bombardements et des impacts de balles. Jad El Khoury a choisi d’intervenir directement autour des trous béants laissés par les balles. Il fait ainsi intervenir ses avatars Potato Nose et Single Man par le “doodle art”. En 2018, son intervention sur Burj al hawa (littéralement Tour de l’air, mais “hawa” signifie aussi amour), dont la construction fut inachevée à cause du déclenchement de la guerre civile, a fait beaucoup parler. Pendant deux semaines, Jad El Khoury qui avait installé des rideaux de toile colorée aux fenêtres, les Beyrouthins purent admirer le ballet du vent dans les rideaux. Chaque Libanais porte en lui les stigmates visibles ou invisibles de la guerre civile (atrophie, surdité, traumatismes, décès…), Jad El Khoury entend conserver le souvenir de ces années terribles en apaisant les mémoires, en tentant de panser ce qui est irracontable. Les avatars qu’il a imaginés, qui se substituent à lui, l’emploi de couleurs et du choix du doodle art, l’intervention directement in situ sont autant de mécanismes pour faire son deuil. Son atelier est le réceptable de ses tentatives, de ses espoirs, comme celui qu’un jour les différentes communautés cessent de vivre séparées mais ensemble. 

Du 18 octobre au 20 septembre 2020, Jad El Khoury participe à l’exposition “Plein vent !” à la Halle aux Sucres de Dunkerque où il réitère son installation de la Burj al hawa sur la halle aux sucres. En novembre, il sera présent à Affordable Art Fair d’Amsterdam sur le stand de la Middle Eastern Art Gallery.

     © all photos Clotilde Scordia