Masooma Syed

Masooma Syed crée bout à bout de New-Delhi à Colombo et Lahore. Pas à pas elle construit ou reconstruit son univers ou tout du moins ce dont elle a besoin pour exprimer cette étrange situation qu'est la sienne. Car son univers c’est quand même le mouvement, le manque et puis les retrouvailles.
Pakistanaise, mariée à un artiste indien, Masooma a une vie comme celle d'innombrables familles fractionnée par l’histoire depuis 1947. Masooma travaille partout, dans une cuisine, sur un coin de table, elle accumule les cheveux des femmes de sa famille ou bien leurs ongles pour fabriquer des colliers qui pourraient la rapprocher d’elles. Sa force de femme et d’artiste, on l’a compris, elle la trouve dans l’humour. A New Delhi elle collectionnait les boîtes d’alcool en carton et en faisait des reproductions miniatures de monuments célèbres, dont quelques mosquées au passage.. . 
Masooma s'amuse beaucoup des hommes surtout, de ceux qui font de la politique et ceux qui font de la morale à deux balles.... ses grands dessins de chiens loups ont comme support les presses indiennes qui déversent leur venin sur le frère ennemi voisin, le Pakistan…. Elle sait que de l’autre côté, c’est pareil…. Une histoire entre chiens et loups qui rend sa vie compliquée de manière logistique mais qui l'enrichit en tant que femme artiste voyageuse.
À Colombo et à Lahore au NCA elle est professeur d’art.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Atef Berredjem

 Atef Berredjem vit entre Annaba et Alger et dispose d'un atelier dans chacune de ces villes. Celui d’Alger est le plus grand et lui permet de réaliser des projets nécessitant de l’espace, celui d’Annaba est plutôt destiné aux recherches théoriques.
Atef est un artiste en mouvement, né en 1982, Atef a étudié à l’école des beaux-arts d’Alger, il travaille sur plusieurs médiums qui vont de la vidéo à la photographie et la performance toujours en questionnant la société et les personnes qui la constitue.
Ancien résident de la Delfina Foundation de Londres en 2011, ses recherches posent la question des évolutions collectives de nos sociétés, et traitent « de la notion de transition » au cours de laquelle l’artiste décèle nos activités : le spectateur est invité à assister à un passage, ou à une action de passage, d’une situation à une autre, d’un état à un autre.
Ancien résident de la Delfina Foundation de Londres en 2011, ses recherches posent la
question des évolutions collectives de nos sociétés, et traitent « de la notion de transition »
au cours de laquelle l’artiste décèle nos activités : le spectateur est invité à assister à un passage, ou à une action de passage, d’une situation à une autre, d’un état à un autre.



La transition socio-politique de son pays, l’Algérie, l’intéresse plus particulièrement ainsi que les nouvelles formes sociales de violence, conséquence de la consommation de masse, notamment technologique. Dans Jughurta on the train, une série photographique sur le voyage, il transpose son atelier dans un espace en mouvement, effectuant plus de 65 allers-retours en train de nuit entre Annaba et Alger. Il collecte les notes et les conversations qu’il engage avec les autres passagers. En observant la maîtrise du mouvement des individus il peut ainsi comprendre et expliquer les différentes strates de la colonisation et la méthode de conquête militaire par la conquête de l’espace qui subsistent dans son pays. Thématique contemporaine d’actualité dans tout pays colonisés, il participe donc tout naturellement avec Naeem Mohaiemen “spécialiste” du mouvement des “non alignés” début 2018 au Beirut Art Center avec son film “ Two Meetings and a Funeral” et avec “A Beautiful palace except one detail”, une série photographique représentant le Palais des Nations vide : créé en 1973 en même temps que se tenait le sommet des “non alignés” à Alger, et que naissait le Bangladesh actuel cessant d’être le Pakistan Oriental.

 

Minerva Cuevas

L’atelier de Minerva Cuevas est en plein centre historique de Mexico, anciennement un entrepôt pour d’uniformes, l’artiste en a fait une véritable station de recherches et d’analyses de documents visuels, sonores ... car ce sont d’abord les recherches qui constituent la colonne vertébrale de son oeuvre. Minerva collectionne les publicités des grandes compagnies telles que Monsanto, Union Carbide, United fruit, Chiquita, Shell etc...Les analyses d’archives de ces grandes sociétés agro-alimentaires ou autres montrent leurs emprises totales sur les individus, les ressources naturelles et le foncier.
De Paris, à San Francisco, Houston ou Berlin la démarche de Minerva est de dénoncer les conséquences sociales tragiques des systèmes économiques.
L’artiste se doit d’être un acteur local et de défendre des populations les plus faibles ou affaiblis par ces systèmes de domination; c’est ainsi que Minerva est à l’écoute des mouvements indépendants automnes dans des villages du sud du Mexique par exemple. Son prochain projet se déroulera à San Francisco et étudiera le déploiement de l’aide sociale dans cette grande ville.
 

Romain Bernini

Romain Bernini est un peintre qui change régulièrement d’ateliers et dont l’actuel se situe dans le 5ème arrondissement de Paris dans d’anciens entrepôts alimentaires.
Romain Bernini est un artiste de récits fictifs et oniriques, il raconte nos vies par épisodes : chromatiques, géographiques et géologiques. Il grandit avec nous, et/ou l’inverse… nos êtres semblent vivre dans un monde en perpétuel mouvement dans un univers contemporain jonchés d’angoisses, de pertes de mémoires indolores ; le peintre est comme le témoin de nos non-vies et de notre vide grandissant ou finalement nous aimons nous jeter.
Personnages semblant être en apesanteur ou se mouvant dans un espace hors-temps, animaux tropicaux, insectes, mais aussi faunes tant tropicales que luxuriantes, tout nous ramène à la vacuité de nos vies urbaines étriquées. Souvent un élément “exotique” vient perturber la lecture objective que l’on serait tenté de faire de l’oeuvre : une coiffe indienne, un masque, un homme qui brandit des fumigènes… Ces éléments perturbateurs nous forcent à une nouvelle interprétation, à différents niveaux de lecture. Il faut se méfier du réel, d’une première lecture souvent trop rapide et fausse. Se laisser plonger dans l’univers de l’artiste, pénétrer un monde qui ne se limite pas au support.
Adepte de la peinture à l’huile, Romain Bernini explique qu’il est toujours en perpétuel questionnement sur son métier de peintre, sur le moyen d’arriver à ses fins. L’huile permet les repentirs et les reprises sur la toile contrairement à l’acrylique, médium plus “rapide”. La préparation de ses pigments, de ses couleurs est une étape charnière.
Son actuelle exposition à Londres chez Hadrien de Montferrand a pour titre “Expended Minds”...

 

Abdelkader Benchamma



Abdelkader Benchamma se partage entre Paris et Montpellier mais quand on lui demande où se trouve son atelier, il nous répond qu’il aime principalement travailler in situ que ce soit à Paris, à Montpellier, à la Villa Médicis où il sera prochainement en résidence ou ailleurs. Nous l’avons rencontré au 104, établissement parisien multidisciplinaire où l’on vient aussi bien pour faire du yoga, assister à un concert que pour déjeuner. Abdelkader bénéficie pour quelques mois d’un atelier situé au premier étage de la galerie voûtée du bâtiment.
Ici, Abdelkader y travaille en préparation de son exposition en octobre 2018 au Collège des Bernardins. À l’instar d’un Pollock ou d’un Debré, qui travaillaient support au sol une surface monumentale aidés de balais et d’outils créés sur mesure, Abdelkader réitère leur geste tout en gardant en mémoire l’architecture monacale qu’il occupera pour sa création éphémère, Écho de la naissance des mondes. Les plans de l’ancien collège cistercien du XIIIe siècle sont affichés au mur de l’atelier et Abdelkader procède par étapes pour recouvrir le sol de la nef de sa toile de lino sur laquelle les visiteurs pourront marcher en chaussons. Le visiteur sera ainsi partie prenante de l’œuvre et l’appréhendera dans sa totalité. Œuvre d’art totale ? Oui, car elle fait appel à tous nos sens, à l’architecture et à notre inconscient.  Mémoire et émotions sont également au coeur des recherches de l’artiste. Souvenirs de voyages à Rome, Istanbul ou d’ailleurs, et surtout de l’architecture de ces villes séculaires qui ont traversé les civilisations de l’antique au moderne. L’incursion d’autres éléments faisant appel à l’inconscient sont à prendre en compte. Lorsque l’on voit les signes dessinés par Abdelkader sur le support, l’on songe aux tests de Rorschach employés en psychologie pour percer l’inconscient du patient, aux empreintes des tranches de gemmes et de marbres (celui immaculé de Carrare ou le moucheté du porphyre). L’approche frontale, au corps à corps avec le médium ne permet aucune erreur, nul repentir. L’artiste est seul et nous convie à un voyage intérieur.


Benitha Perciyal

Benitha Perciyal est une jeune artiste indienne du sud, vivant et travaillant à Chennai dans le Tamil Nadu (anciennement Madras et cinquième plus grande ville du pays), une situation géographique et politique complexe pour les artistes, dans un pays très centralisé autour de sa capitale au Nord du pays. Son atelier est installé dans le quartier de George Town au nord de la ville de Chennai. Nous étions nombreux à l’avoir remarquée à la Biennale de Kochi en 2014 « Whorled Explorations » commissionnée par Jitish Kallat.
Elle nous présentait alors une série de sculptures « odorantes » faites d’épices et parfums représentant le Christ et autres figures chrétiennes dans un dénuement extrême, inspiré par son séjour à Kochi et tous les parfums et épices de cette grande ville historique portuaire de la côte de Malabar.
Chez Benitha, la foi est au centre de sa pratique artistique, elle lui procure force et authenticité, et ce détachement spirituel frappe le public, en soulevant le paradoxe d'un matérialisme excessif de nos sociétés modernes et plus spécifiquement de la société indienne corps et âmes soumise à la croissance.
Benitha est animée par un fort désir de dialogue interreligieux et la Biennale de Kochi avait précisément invitée Benitha à explorer tous ces questionnements à la fois personnels et sociétaux.
Très courtisée après la Biennale de 2014, Benitha a participé à la Biennale de Yinchuan, curatée par Bose Krishnamachari en 2016, et était récemment montrée au centre Pompidou (Paris) dans une exposition de groupe intitulée "Mémoires des futurs, Modernités indiennes", initiée par Catherine David.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Benitha a finalement choisi de rejoindre une galerie expérimentée et de renommée mondiale : "Nature Morte", (fondée par Peter Nagy et maintenant co-dirigée avec Aparajita Jain), l’une des plus grandes galeries indiennes, installée à New Delhi, qui lui a ouvert ses portes pour son premier solo indien. 

“There is no forgetting from the lips of the people” présenté au printemps 2017, confirme la force de son travail, et c'est l’occasion pour les « gens du Nord » n’ayant pu se rendre à Kochi dans le Kerala en 2014 de pouvoir découvrir son travail, treize sculptures dont dix présentes à la Biennale de Kochi.

Parallèlement, la fondation Saat Saath Arts de Delhi a invité Benitha à participer au Sculpture Park au fort de Nahargarh dans le Rajasthan en fin 2017.
Il nous tarde de voir Benitha de retour dans son atelier pour y créer de nouvelles pièces, et nous faire vivre son monde.

 

Seçkin Pirim

Seçkin Pirim
À Istanbul, Seçkin Pirim a installé ses ateliers à Maslak, au sein même d’un quartier qui ne concentre que des ateliers de réparations de voitures, des garages et des carrossiers. Dans l’immense bâtiment auquel on accède en voiture par une rampe, Seçkin a deux ateliers, l’un à côté de l’autre et chacun est consacré à une activité distincte : la sculpture et le processus créatif, la conception. Né à Ankara en 1977 Seçkin vit et travaille à Istanbul mais expose régulièrement à l’international, notamment aux États-Unis, galerie C24 à New York, en Turquie et en Italie. Jonglant entre le monumental et le détail, Seçkin développe une réflexion autour de la relation espace-volume-temps. Les formes abstraites et géométriques, constante de son travail, s’intéressent à la façon dont le spectateur va les percevoir. Souvent les lignes colorées mises en abyme dans l’oeuvre jouent le jeu des artistes psychédéliques et de l’Op Art des années 60. Perturbation des repères euclidiens, sollicitation violente et répétée de la rétine et jeux des couleurs. L’on pense à Bridget Riley et sa technique virtuose de “brouille cinétique”. L’atelier est rempli d’objets industriels, de casques de motos, de livres… Une machine à découpe laser commandé par ordinateur occupe une place centrale dans l’atelier. Seçkin conçoit et réalise ses oeuvres comme un ingénieur, secondé de deux assistants. Une fois conçues et découpées, certaines oeuvres sont parfois peintes à la peinture pour carrosseries de voiture (époxy, solvantée, vernis…), d’autres gardent un aspect brut, rappelant les circonvolutions des cernes du bois. Entre objet industriel et objet naturel, c’est au spectateur de choisir.

Marcela Armas 

Marcela Amas est née à Durango au Mexique en 1976, elle vit et travaille à San Miguel de Allende et à Mexico.
À San Miguel, elle possède un atelier chez elle, où elle peut faire ses recherches, essayer des idées sur une échelle plus petite. Son second atelier, qu'elle partage avec d’autres artistes, fonctionne comme une coopérative et est équipé des gros outils comme la soudure à l’arc, d’outils pour l’acier, le verre, la pierre, le bois...et de quelques plans de maïs bio atteignant une hauteur désopilante.
Ses travaux artistiques sont aux croisements de la science, la technologie, et de la géologie. Les préoccupations environnementales sont au premier plan, le Mexique payant au prix fort les changements climatiques.
Marcela fait parler les pierres terrestres, et extraterrestres comme les météorites...
En 2015 elle crée « Implant » commissionnée par la « Biennale of Americas », une performance géologique consistant à prélever des échantillons de roches à Denver puis à les transporter à Mexico pour les réimplanter. De même pour les roches extraites à Mexico city réimplantées à Denver. Creuser pour connecter des villes, et bien sûr les cultures. Une lecture des résultats de la transplantation performante est ensuite organisée par des géologues.
Son projet en cours à San Luis de Potosi l'a fait descendre dans les mines de cuivre proches de la ville pour y étudier leur magnétisme et y prélever des roches. Les mines et les montagnes sont le principal centre spirituel d’une tribu : les Huichols. Elle se rend alors compte du problème créé et décide d’aborder la mémoire des lieux et de redescendre dans un “acte cérémonial” afin d’y retourner les roches aux endroits où elles ont été prélevées.
Le week end, Marcela quitte la ville en famille et part dans les étendues immenses qui entourent San Miguel pour enregistrer les sons dans la nature et reconnecter.
Une poète scientifique en action….

 

 

 

Akshay Rathore

 

Akshay Rathore, artiste originaire du Madhya Pradesh, état du centre de l’Inde. Installé à Paris depuis deux ans, Akshay a longtemps évolué à Delhi et dans son village ou ses parents cultivent la terre.
Son atelier situé au 7ème étage d’un immeuble d’ateliers de la mairie de Paris offre une vue imprenable sur le Sacré Cœur.
Akshay dévoile dans ses dessins, ses installations et vidéos de manières protéiformes, les interrogations à sa propre culture : rurale, démesurée, aliénante, foody…et dont la cuisine comme l’art traduit toute la complexité de ce continent et qui la lie à toutes les classes.
Ses sculptures faites avec des graines de moutarde, tuiles de terracotta en forme de fleurs de lotus renvoient directement à ce territoire irrationnel auquel l’on adhère ou pas.
Akshay, marié à une Française et père d’un garçon s’adapte à ce nouveau territoire, à cette nouvelle culture avec les moyens du bord.
En ce moment l’artiste a décidé d’utiliser des légumes comme le chou, dont la palette de bleus est impressionnante, et feuilles mortes pour ses dessins; il est dans une phase abstraite ...et travaille au corps à corps avec les éléments de sa nouvelle ruralité : la Normandie.
 
 

Haythem Zakaria

Haythem Zakaria est un artiste Tunisien vivant et travaillant à Paris. Artiste autodidacte et touche à tout, Haythem Zakaria utilise aussi bien la photographie, l’installation, le dessin et la vidéo, dans une aisance déconcertante.
L’atelier d’Haythem se trouve en plein coeur de Paris. Petit espace, lieu de travail, d’expérimentation et d’observation: et lieu de passage, comme tout artiste contemporain son oeuvre ambitieuse est rythmée par ses voyages, ses projets et ses expositions qui se tiennent dans le monde entier, l’atelier est un lieu de transit.
Ses travaux impliquent toujours une grande précision rythmique du geste et son corpus d’oeuvre a pour point commun le ruthmos (rythme, issu du grec), le métronome, la répétition (comme avec ses dessins au tampon).
Lorsqu’il nous accueille dans son atelier, Haythem se plaît à nous raconter toute la genèse d’une de ses séries, “La Poétique de l’éther”, qui fut particulièrement remarquée et présentée plusieurs fois au public. Une autre série, photographique, “Anamnésis”, reprend le thème de la quête de la mémoire perdue. Car Haythem est un artiste de réflexion, d’un sens caché que le regardeur doit décrypter. A l’instar de ses dessins de la série La Poétique de l’éther où chaque lettre arabe formant une citation de versets du Coran, est reliée par un trait vers une colonne de traits, formant un sens caché indéchiffrable pour le profane. Haythem Zakaria fait appel à notre expérience sensible d’être humain.